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VIII


Le temps de la chasse suit de près le temps des vendanges, et c’est la plus charmante saison du Périgord. Dès qu’elle s’annonce par une brume exhalée des basses prairies au bord de l’eau, les rosiers donnent en hâte leurs dernières roses ; les poires prennent la couleur du miel et la rondeur des pommes se teint d’un vif écarlate, ainsi qu’une grosse joue d’enfant bien nourri. Figues aux figuiers, muscats aux treilles, attirent les abeilles rôdeuses. Alors, sous la neige des sarrasins, entre les tiges vermeilles comme les pattes fines de la perdrix rouge, cailles, faisans, perdreaux et lièvres gémissent : « Attention ! les fusils vont partir ! » Et l’on voit, au petit matin, dans les labours, dans les prés étoilés de colchiques, passer ceux que la gazette locale appelle : « nos vaillants Nemrods ». C’est M. de Planot, vêtu de son vieil habit, armé de son antique canardière. C’est M. de Valcourre suivi de sa chienne Philis. C’est M. Antoine du Fargeas, oublieux