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une façade de gaîté. Et la douairière de dire :

« Votre bras, mon ami ! Retournons, les enfants achèveront la promenade sans nous. Y voyez-vous un inconvénient ?

— Moi ? Pas l’ombre ! »

La figure courroucée de Lucile se dressait bien devant Zerbin, lorsqu’il manquait ainsi à ses promesses. Il l’écartait d’un mot :

« Ils sont trois. La morale est sauve. Les doux péchés se font à deux. D’ailleurs cet Elzéar est triste comme un corbeau et ces fillettes sont des anges. »

Le « corbeau » et les « anges » voyaient sans regret disparaître la redingote puce et la douillette de satin rose.

Oh ! nul ne montrait une satisfaction inconvenante. Elzéar ne jouait pas au Clitandre, et il respectait trop ces jeunes personnes pour se poser en Don Juan. Il conservait son attitude sérieuse et désabusée, cependant que Palma baissait les yeux vers les bouts de ses escarpins et qu’une rougeur délicieuse avivait les joues de Naïs.

Le parc, mal entretenu, n’était plus qu’un morceau de forêt où les allées s’effaçaient lentement sous l’invasion des fougères et des ronces. La mousse remplissait les ornières laissées par les charretous des bûcherons, et quelquefois on enfonçait, par surprise, dans une masse verte et spongieuse, imprégnée d’eau, qui cédait sous le pied. Sous le couvert