Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

cousin veut t’épouser, et que tu ne dis ni oui ni non, pour éprouver la constance d’Elzéar, mais qu’au fond, tu n’es pas insensible à cette recherche flatteuse.

— Peu m’importe ce que pensent et disent les gens ! Elzéar est avec moi ce qu’il doit être : fraternel et respectueux. Il me prête des livres pour m’instruire des beautés que j’ignore. Il tient le piano quand je chante… Mais il ne m’a point parlé de mariage. Il n’est pas riche et je suis pauvre, ma chère Naïs.

— Je crois… qu’il t’aime !

— Quelle folie ! Il est venu en Périgord pour je ne sais quels intérêts de famille. Ma tante lui donne l’hospitalité. Il lui témoigne sa reconnaissance par une affection touchante et des présents délicats. Il met à notre disposition sa voiture et ses deux chevaux. N’est-ce pas son devoir de parent et d’ami ? Non, il ne m’aime point, puisque…

— Puisque ?

— Il se tait. Son amitié, Naïs, est aussi fervente pour toi que pour moi. Il est charmé de tes visites. Il dit du bien de ton esprit et de ta figure. Faudrait-il en conclure ?…

— Non ! Non !… Chut ! dit Naïs, et elle mit sa main sur la bouche de son amie. Ne me rends pas ridicule, ma chère… Une pauvre petite comme moi ! Non !… Non !…

— Cela t’émeut ?

— Cela me fâche… »