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JOURS DE BATAILLE

dorment, fument, ou font leur kief, assis sur leurs talons croisés, dans l’herbe où les fleurettes jaunes se flétrissent. Verra-t-il d’autres révolutions, avant de sécher tout à fait, le vieil arbre, témoin de massacres innombrables ? Tant de fois, des soldats se sont reposés à son ombre, après avoir chassé, étranglé, décapité des sultans !… On comprend trop bien que Mahmoud ait quitté en 1808 cette résidence féconde en sinistres images, pour le palais de Tchéragan où fut assassiné plus tard Abdul-Aziz, où Abdul-Hamid vint au monde.

J’ai passé une heure au musée de sculpture, à regarder les sarcophages de Sidon, les sphinx pensifs aux ailes d’épervier, aux seins de femme, les pleureuses drapées, les enfants joufflus chargés de guirlandes, les chevaux cabrés, et les beaux chasseurs, sculptés dans un marbre presque transparent, nuancé de colorations amorties.

Il n’y a personne, dans le musée, et personne à Tchinili Kiosk, le musée de l’art musulman, le « kiosque aux faïences », qu’on