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JOURS DE BATAILLE

commenter les événements. Il y a beaucoup de figures et de tournures qui me rappellent notre Marseille, beaucoup d’hommes aux yeux charbonnés, aux moustaches de Tartarins pacifiques, beaucoup de dames dont l’aimable embonpoint gonfle et tend les robes fourreaux un peu trop claires ; et aussi beaucoup de jolis visages jeunes, très arrondis, très pâles, avec des yeux noirs énormes, comme on en voit dans les portraits en mosaïque de l’époque alexandrine.

Aux angles des ruelles, les marchands de fleurs ont disposé leurs éventaires, et le safran vif des jonquilles, les blancs purs des narcisses et des juliennes, les roses violacés des anémones éclairent l’ombre bleuâtre. Les chiens rassurés sont sortis de leurs cachettes ; les petits vendeurs de journaux courent en agitant les feuilles imprimées ; les voitures recommencent à circuler, et presque toutes sont pleines de soldats réguliers ou volontaires, — les vainqueurs d’hier.

Coiffés du fez ou de la calotte albanaise en