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JOURS DE BATAILLE

sur les événements… Le bébé de madame Delon n’a pas d’opinion, — et pour cause, — et quant aux personnages entre deux et huit ans, ils se soucient également des Turcs vieux ou jeunes et demandent le dessert et le dodo.

Le pain n’a pas manqué si l’entremets a fait défaut. Le dîner est excellent tout de même et beaucoup plus amusant que les banquets officiels. Dans le grand salon aux fenêtres ouvertes sur la nuit bleue, où pénètrent les senteurs mariées de la glycine et du lilas, on cause ensuite, presque gaiement, mais, tous les quarts d’heure, on apporte des dépêches… Arrivent M. Deffès, le directeur général de la Banque ottomane, maigre, blanc, vif et spirituel ; le lieutenant de vaisseau Goisset, commandant le stationnaire ; le directeur français du lycée de Galata-Séraï, et c’est bien curieux de voir l’expression soucieuse, narquoise, sceptique ou amusée de tous ces visages !

Dans le jardin, les Turcs et les Bretons se régalent du pilaff gigantesque et des deux agneaux rôtis offerts par M. Constans, et la