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ET DE RÉVOLUTION

ne peut pénétrer dans Stamboul… Là-bas aussi, sur l’autre rive, la bataille continue, du côté de la Sublime-Porte ; mais les nouvelles précises manquent.

Un détachement macédonien passe, et, de toutes les fenêtres, partent des applaudissements et des bravos… « Voilà nos sauveurs !… Voilà les héros de la liberté, les défenseurs de la Constitution !… » Les gens qui crient le plus fort sont pourtant restés chez eux, au lieu de former des bandes de volontaires, comme ont fait les Grecs et les Bulgares de Macédoine… La population pérote n’est pas guerrière par vocation, mais elle aime bien les guerriers qui la défendent. Elle ne leur ménage pas les épithètes flatteuses et les acclamations. Les soldats et les officiers ne témoignent aucune émotion. Peut-être sont-ils indifférents, ou dédaigneux, ou fatigués de cette nuit de marche, de cette matinée de combat. Ils défilent, et d’autres leur succèdent, et d’autres… Ils vont à Stamboul.

Le soleil de midi brûle. Le printemps à peine