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JOURS DE BATAILLE

24 avril.

J’ai changé d’appartement deux fois, désespérant de trouver le silence, et je m’étais installée, hier soir, dans une chambre assez triste qui ouvre sur la courette intérieure de l’hôtel. J’espérais y dormir un long sommeil que n’interrompraient plus les ronflements ou la toux d’un voisin, ni les cocoricos du coq maudit qui chante trois fois avant l’aube, ni les querelles des chiens, ni le bâton du veilleur de nuit tapant les heures sur le trottoir… Ô cher silence !

Dans le petit jour gris de cinq heures, je m’éveille… Quoi ?… Un meuble, une lourde armoire a dû tomber, à l’étage supérieur, juste au-dessus de ma tête ; ou bien l’ascenseur, qui fonctionne mal, s’est décroché… Les murs vibrent encore d’un fracas assourdissant, et des portes battent, des gens courent dans l’escalier, dans les couloirs.

Fatiguée, je me rendors à demi… Jamais,