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ET DE RÉVOLUTION

de noms, ou bien des noms si difficiles que je ne les ai pas retenus ; des rues presque villageoises, à peine pavées, bordées de petites maisons en bois. Elles sont toutes pareilles, ces maisons : une porte entre les deux fenêtres du rez-de-chaussée ; et au-dessus de la porte, le balcon avançant et clos de grillages, sous le toit en auvent. Toutes pareilles, oui, du même gris, du même brun rougeâtre ; — mais l’une penche vers la rue, l’autre s’accote à sa voisine ; la ligne des façades et des toitures se brise et s’infléchit ; on dirait une file de petites vieilles en robes fanées, de taille inégale, sœurs et différentes…

Il y a peu de monde, dans ces rues ; des femmes accroupies, immobiles, qui ont des figures comme des noix dans le triangle de leurs voiles blancs ; des aveugles résignés tendant la main quand un bruit de pas les réveille ; des enfants pâles, jolis, qui me tirent la langue et me crient je ne sais quelles choses assurément fort vilaines… Et puis, des poules, des chiens, une charrette attelée de buffles gris,