ces gens demi-nus ou vêtus de loques bariolées, qui ont un couteau à leur ceinture et vous regardent, quand vous passez, avec la sympathie du loup pour le petit agneau… Les Kurdes !… »
Qu’est-ce qu’il raconte, ce monsieur ? Il me fait peur… Et toutes les dames, un peu pâlies, se mettent à imaginer des choses terribles : ce qu’on ferait, si les Kurdes montaient à Péra, avec leurs grands couteaux…
Je dis :
— Ces messieurs nous défendraient…
Mais ces messieurs affirment que le sacrifice de leur vie ne ferait que retarder notre supplice, voire notre déshonneur… Alors, nous implorons d’eux la grâce d’une mort prompte, faveur qu’ils nous promettent, d’un air galant.
Mes aimables compatriotes de l’ambassade sont beaucoup moins pessimistes, et les jeunes secrétaires s’invitent à des thés, font des visites et racontent les potins de Péra, sans craindre les Kurdes. Je suis allée voir M. Constans et je lui ai demandé les moyens d’assister au sélamlik de vendredi, le dernier sélamlik du règne.