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LA VIE AU HAREM

Mitylène invisible à l’horizon, le ciel se fane lentement, comme une rose.

Les femmes aux robes blanches, si indolentes qu’elles semblent toutes des amoureuses, se promènent sur le quai lumineux encore, devant les maisons à terrasses, les cafés pleins de musiques italiennes. Des enfants nu-pieds, vendent des fleurs sans tige, de larges roses posées sur des plateaux de jonc. Quelques bateaux se découpent, noirs, contre l’argent mobile du golfe, et les montagnes, en hémicycle, sont d’un violet intense et pur : le violet des violettes.

Et quand les premiers feux du port s’allument, tout change, nuances et valeurs, le ciel plus pâle, l’eau plus moirée, les montagnes devenues étrangement, obscurément bleues…

Soir de Smyrne, si beau entre tous les soirs.


FIN