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LA VIE AU HAREM

plus farouche socialiste serait désarmé par leur bonne grâce courageuse et leur belle humeur. Comme mon sexe et mes goûts m’interdisent les passions politiques, je me trouve fort à mon aise parmi eux, d’autant plus qu’ils m’ignoraient tout à l’heure, et qu’ils n’ont pas lu mes livres, et qu’ils ne les liront jamais.

Nous allons visiter les classes… Les petites demoiselles, qui se tiennent toutes droites devant leurs pupitres, ne baissent pas leurs yeux noirs, d’un air faussement timide. Elles sont jolies presque toutes, avec des visages ronds, un peu pâles, des cheveux brillants, et ces larges prunelles veloutées des Grecques d’Asie qu’on voit dans les portraits en mosaïque du quatrième siècle. Elles apprennent notre langue qui devient presque leur langue, notre histoire, un peu de notre littérature, et la plus grande, qui, je crois, se nomme Mireille, s’enorgueillit d’avoir reçu une lettre autographe de Mistral.

Comme il se fait tard, nous visiterons plus rapidement l’école voisine, celle des Pères, qui