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LA VIE AU HAREM

et la mère supérieure des dames de Sion regardent la sœur jardinière qui circule, arrosant les lauriers en pots.

C’est la France… Non : le ciel trop bleu ne prend pas ces nuances de perle qui enchantent nos crépuscules. Derrière la porte entre-bâillée, dans la rue sonore, passent des voitures bizarres et peintes, des hommes vêtus de cotonnades bariolées, coiffés du fez ou du turban. Et le bruit qui monte de la ville est fait du lent soupir de la mer, du frisson des cyprès, de cent mille voix grecques, syriennes, turques.

J’ai cru retrouver mon pays et des images de mon enfance. Mais je me rappelle les épisodes de l’aventureux voyage, et que je suis venue hier vers vous, Smyrne d’Asie ! Cité des roses, des figues, des tapis somptueux, vous gardiez comme un lys aux plis de votre robe, ce petit couvent français de Notre-Dame de Sion. Dût-on m’accuser du plus néfaste cléricalisme, je dirai le charme de cette découverte et l’hospitalité si franche, si cordiale, de mes compatriotes en soutane et en cornette. Le