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LA VIE AU HAREM

chapeaux de paille, que de belles dames en robes claires, que de voitures, que de crieurs de journaux ! Un régiment passe, drapeau déployé, les hommes en tenue de campagne, portant sur leur dos poussiéreux le sac, la marmite de cuivre, un tas d’ustensiles qui doivent peser lourd. Matin et soir, des soldats défilent ainsi, rappelant la bataille récente, la chute du vieux Sultan, l’état de siège qui se prolonge… Et comme pour les saluer, éclate, imprévue et tonitruante, sous les platanes en boules vertes du jardin, la marche de Sambre-et-Meuse.

Cinq heures : le concert des cuivres doit durer jusqu’à minuit. Pour fuir le vacarme et trouver la fraîcheur, j’irai sans doute, après-dîner, du côté du Bosphore, dans les rues tranquilles où le courant d’air du détroit est plus sensible, où les grands acacias en pleine fleur embaument la nuit étoilée. Et demain, avec le bon M, Bareille, je reverrai les cyprès d’Eyoub, le palais de Justinien, les vieux turbés aux faïences plus belles que des pierreries, à moins que je ne reprenne le tcharchaf de