chon noir et le voile. Ma vie de fausse Turque va finir. Aujourd’hui même, je rentre à Stamboul.
L’araba où nous nous tenons accroupies, jambes croisées, sur un long matelas, ressemble à un petit corbillard qui aurait des rideaux de toile rayée et dont le bois serait peint de vives guirlandes de fleurs. Le cocher n’a point de siège. Assis sur l’extrême bord de la voiture, les pieds appuyés aux brancards, il chantonne sans s’occuper de nous ou siffle pour exciter son cheval.
Je devais bien cette visite à Fatmé Alié qui est très célèbre. Et puis le type de la femme de lettres turque manquait à ma collection. La curiosité m’attire donc autant que la sympathie confraternelle.
Ses compatriotes — les hommes même — ont loué devant moi le talent de Fatmé Alié, sa délicate sentimentalité, son style clair et poétique. Elle a publié de nombreux ouvrages. Deux seulement ont été traduits en français : Musulmanes, — étude sur la vie intime des