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LA VIE AU HAREM

fut le signal d’un nouveau drame. La vieille qui s’était désemmaillotée pour laver sa vaisselle, refusait de se vêtir et refusait aussi de me révéler son visage. Hassan bey redoubla d’éloquence, et déclara qu’il prenait tout le péché pour lui et que lui seul en rendrait compte au jour du Jugement.

Alors, la vieille fit le café ; mais elle ne se résolut pas à montrer ses charmes à l’infidèle. La porte du salon s’ouvrit, et nous vîmes un être étrange s’avancer, portant un plateau. Cet être avait des jambes nues jusqu’au genou ; un énorme pantalon, en indienne rayée, enfermait ses cuisses opulentes. Les outres de sa poitrine ballottaient sous une mince camisole, — et le visage était voilé jusqu’aux yeux !

Ainsi, la cuisinière d’Hassan bey concilia sa pudeur farouche avec les devoirs pénibles de son état et le mépris que je lui inspirais. Je regagnai la gare sans encombre, mais je suis confondu encore de l’imprudence de mon ami. Quelques mots de cette cuisinière fanatique auraient suffi pour ameuter les voisins, et que