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LA VIE AU HAREM

féminine. Quand il a du se marier, — voilà deux ans bientôt, — j’ai cru qu’il épouserait une Occidentale ou une jeune fille turque très moderne, très francisée. À ma grande surprise, il choisit, ou plutôt laissa choisir par sa mère une fillette de dix-neuf ans, élevée à l’ancienne mode, très pieuse, très docile, et sachant tout juste lire et écrire.

Un mois après les noces, Hassan bey fut envoyé à Paris pour les affaires de l’administration. Il y demeura près d’une année, et je l’y trouvai pendant un congé que je pris. Sa petite femme lui avait donné un fils, qu’il ne connaissait pas encore. Il se réjouissait de la revoir et m’emmena un jour, chez Paquin, pour commander des robes qu’il voulait emporter. Nous revînmes presque en même temps. Hassan bey et les robes de Paquin furent reçus avec amour par la nouvelle jeune mère qui avait été si peu jeune épouse. Toute la personne d’Hassan exprimait la satisfaction intime de l’homme qui s’est installé dans la vie comme dans un bon fauteuil à sa mesure.