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LA VIE AU HAREM

— Oui, je la connais. Elle est caractéristique.

— Et l’on a prétendu que nous voulions dévoiler les femmes !… Vous savez à présent combien j’aime ce costume national, ce sombre uniforme féminin, qui, après tout, n’est pas incompatible avec le développement moral et intellectuel.

J’ose dire :

— Pas avec l’exercice physique, car il est bien gênant pour marcher, le sombre uniforme féminin. Nos robes trotteuses sont plus commodes sur vos horribles pavés. Cela m’amuse de porter le tcharchaf, un soir, mais si je devais le garder toujours, je le prendrais en grippe.

— Voilà pourtant une dame. Européenne comme vous, qui l’a librement pris, en se mariant, et qui a pris, avec le tcharchaf la foi musulmane. Ma mère était chrétienne. Elle a voulu partager les croyances de son mari.

Je regarde la sereine et bienveillante vieille dame… Quoi ? Une chrétienne ? Une Européenne ? Elle est devenue mahométane par amour ? Elle a renoncé à la liberté, à la société,