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LA VIE AU HAREM

mur et attentives, s’amusent infiniment, et la femme-bouffon est stupéfaite. Elle n’avait pas préparé cette comédie-là !

Mais, après nous être égayés, si puérilement, nous commençons à causer de choses sérieuses, et le sourire d’Ahmed-Riza bey s’efface. Il me parle de la contre-révolution qui a mis à néant ses projets très chers. Bien qu’il ne m’apprenne rien de nouveau, je comprends ses raisons de tristesse. Il rêvait que la Turquie évoluerait pacifiquement, aisément, dans le parfait accord de tous les citoyens. L’émeute du 13 avril l’a désillusionné, comme tant d’autres, et il voit maintenant les énormes difficultés qui ne découragent pas, certes, mais qui préoccupent justement les patriotes Jeunes-Turcs.

Lui, en particulier, s’intéressait à l’éducation du peuple, à l’éducation de la femme. Il voulait fonder un lycée de filles, et déjà il avait obtenu du Sultan un magnifique konak. Ses intentions ont été dénaturées, ses projets rendus impopulaires.

— Vous connaissez l’histoire des chapeaux ?