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LA VIE AU HAREM

avec une amie. L’une des jeunes sœurs me prend la main, m’attire.

Un grand salon, luxueux et chaud, vivement éclairé, des bois dorés, des soieries… Sur le divan, entre deux fenêtres, une dame âgée, au visage énergique, intelligent, bienveillant, sous le réseau des rides fines. C’est l’âme de la maison, la mère et l’aïeule très chérie, divinité familiale qu’entoure un culte pieux. Ses filles et petites-filles sont tendrement groupées autour d’elle, et à quelques pas, son fils, debout, accueille les visiteuses.

Il les accueille… Comprenez bien ! Il ne s’avance pas pour leur serrer ou leur baiser la main, comme autrefois, à Paris. Il est redevenu turc, mon ami Ahmed-Riza bey, et il a l’attitude réservée, indifférente, des hommes de son pays. Il ne lève même pas les yeux. Sans doute, ça l’ennuie, cette visite indiscrète, et je me flatte qu’il est un peu déçu. Un instant, à travers le masque de tulle épais, je l’observe, comparant le président de la Chambre ottomane à cet Ahmed-Riza bey que j’ai