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LA VIE AU HAREM

plaisir plus personnel dans la musique ou la lecture, la vogue des amuseuses décroît.

Avec force grimaces et contorsions, la femme-bouffon nous précède, brandissant le parapluie et lançant la jambe comme un soldat bien entraîné. La maison est disposée à la vraie manière turque, et comporte un haremlik et un sélamlik séparés. C’est dans le salon du haremlik que toute la famille du pacha est réunie, et les sœurs et belles-sœurs, blanches, roses, bleues, nous attendent sur le palier, pour nous introduire. Autour de moi, c’est un babillement, doux et joli, que je voudrais bien comprendre, et qui me rend confuse tout à coup. Je maudis ce déguisement inventé par Mélek Hanoum, et j’ai grand’peur d’être ridicule. Je ne vois pas mon amie Selma. Ses sœurs gracieuses m’entourent en riant. Elles insistent : « Oui, oui, il faut entrer au salon avec le tcharchaf, — ce sera très drôle… » On a dit à Ahmed-Rizabey que j’étais trop lasse pour sortir et que Mélek Hanoum était venue.