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LA VIE AU HAREM

santie sur le piano, — aucun des bruits familiers de nos rues et de nos soirs, ne révèle, ici, la vie cachée.

Nous allons, et nous nous trompons de chemin, une fois, deux fois… Ces rues, sans noms apparents, se ressemblent toutes.

Enfin, voici la maison d’O… pacha, assez grande, sur le modèle classique des maisons de Stamboul… Des lueurs vagues dessinent les claires-voies des volets. Le cuisinier s’écarte, et la porte du haremlik s’ouvre pour nous.

Il y a un escalier à double course, au fond du vestibule, et, rangées au bas de l’escalier, des esclaves en robes roses, en toquets roses, qui s’avancent, se courbent et baisent l’ourlet de nos jupes. De jeunes femmes rieuses s’appellent, au premier étage ; on voit passer des robes claires, en froufrous rapides. Une étrange personne, vêtue d’habits modestes mais extravagants, coiffée de travers, avec un tas de mèches qui sortent de son toquet, une personne maigre, laide et hilare, a saisi le parapluie de Mélek Hanoum. Voilà qu’elle met sur son