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LA VIE AU HAREM

à Salonique, ou à l’ambassade de France, s’était réfugié simplement dans une maison de Stamboul, en plein quartier de mutins, d’espions et de réactionnaires.

Le jour de l’émeute, il avait été presque seul à conseiller la résistance, mais son avis n’avait pas prévalu. Quand on lui annonça la mort du ministre de la Marine tué à sa place, par des assassins mal informés, il dut penser à sa sûreté. Aucun déguisement n’était possible. Mais le président de la Chambre, figure connue et caractéristique, s’avisa d’un stratagème bien simple : il mit des lunettes noires, et attacha un mouchoir en bandeau sous son menton, sur les oreilles, comme un homme qui souffre des dents. Et sans plus de précautions, il put gagner sa retraite.

Selma Hanoum m’avait dit :

— Nous habitons tous, provisoirement, chez mon beau-frère, tout près d’ici. Venez ce soir. Vous trouverez mon frère qui désire vivement vous parler. Mélek Hanoum vous accompagnera. Vous mettrez un tcharchaf, ce sera très