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LA VIE AU HAREM

chapeaux que nous aurions commandés à Paris !

— Revenons à la journée du 14 avril. Comment êtes-vous sortie de la maison cernée ?

Elle reprend son récit. Tout d’abord, elle fit partir sa vieille maman qui ne se doutait de rien, et que les esclaves accompagnèrent, et elle demeura, avec miss de W…, dans le logis barricadé. Douze heures, elle entendit les vociférations des soldats ; douze heures, elle attendit le moment où les portes seraient forcées. Très calme, très pale, elle avait pris un revolver

— Jamais ces brutes ne m’auraient eue vivante.

Enfin, la nuit venue, elle se déguisa en pauvresse, franchit le mur du jardin, traversa une maison inhabitée, et s’en alla vers le port, une lanterne à la main, la taille courbée, avec la démarche d’une vieille femme boiteuse. Ses amis la reçurent à bord de la mouche qui cingla aussitôt vers la côte d’Asie.

Selma, sauvée, dut rester cachée pendant de longs jours. Ahmed-Riza bey que l’on disait