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LA VIE AU HAREM

sonnellement. D’autre part, la précarité des unions, la crainte du divorce, enlèvent à l’épouse le sentiment de la stabilité du foyer, et, dans ces conditions, elle ne peut prendre conscience de ses devoirs domestiques, de sa responsabilité d’associée conjugale. La polygamie n’existe plus, ou n’existe que d’une manière exceptionnelle, mais la maîtresse entretenue au dehors a remplacé la concubine ou la seconde épouse qui faisaient partie de la famille. Le divorce est facile et fréquent. Pourquoi les femmes se priveraient-elles d’un plaisir, d’une robe ou d’un bijou, afin de ménager une fortune dont une autre, demain peut-être, profitera ?

Ne généralisons pas. Il y a des Turcs qui s’attachent strictement à leur épouse et qui trouvent en elle une fidèle amie. Mais ceux, très nombreux encore, qui ne voient en elle qu’une compagne de lit — souvent froide et passive — et une reproductrice résignée, ceux-là ne peuvent lui demander la haute et délicate tendresse, le réconfort, et même le bon conseil que l’Européen trouve à son foyer.