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LA VIE AU HAREM

tionnaires… Mais les Jeunes-Turcs sont très ingrats pour nous. Quand, après la Constitution, D… bey est venu faire conférence, dans notre ville, toutes ces dames y sont allées, et moi aussi. Et j’ai aussi fait conférence. Oh ! ce jour-là, chère amie, j’ai mis le pied dans la civilisation.

» Djavid Pacha a su cette chose de la conférence. Il était furieux. Et j’ai dit : « C’est la faute de D… bey. Il m’a poussée à parler. » Et D… bey a dit : « Ce n’est pas vrai. » Il a cessé de s’occuper des femmes et de les défendre, parce qu’il avait peur de n’être pas réélu. Et Djavid Pacha craignait aussi de perdre sa place. Il m’a dit : « Il ne faut plus écrire. » J’ai dit : « Je n’ai plus le bonheur. Je dois me consoler comme je peux. — Je te divorce, si tu continues à écrire… — Tu veux me divorcer parce que tu es l’amant de cette esclave, de cette misérable, de cette prostituée… Eh bien ! elle m’appartient, je la marierai et tu ne la verras plus… — Avant que tu la maries, je vous tuerai toutes deux…