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LA VIE AU HAREM

» Oh ! chère amie, je ne pouvais supporter cela. Je n’étais pas une sauvage. J’étais instruite, plus que Djavid Pacha, et je souffrais dans ma dignité… Alors, je désire mourir. Je pense : « Il faut que ma mort soit utile à mon pays… » Et je vais au Comité : « Je veux mourir. Donnez-moi une mission. Donnez-moi de la dynamite. Je ferai sauter un grand konak. Et je mourrai pour la révolution. » Mais les gens du Comité n’ont pas voulu. »

Madame Ange essuie ses yeux et parle, en turc, à la dame de Salonique qui, dominée par l’habitude, a croisé ses jambes sur le divan. Elle comprend très bien la résolution de madame Ange, et moi aussi, je la comprends. Ah ! si l’on connaissait le secret des actions déconcertantes que commettent les femmes !… Héroïsmes, infamies, bizarreries, contradictions, décisions soudaines, extravagantes ou sublimes, tout ça, au fond, c’est des histoires d’amour. Quand une dame se jette tout à coup dans la dévotion, ou dans la politique,