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LA VIE AU HAREM

madame Ange, elle-même, à l’âge de onze ans, avec une robe de dame, à jupe traînante volantée et ruchée, un pouf, un chignon de boucles. Sur un autre mur, isolée, une troisième photographie, représentant un grand, gros, large, énorme personnage, barbu comme Holopherne et scintillant de décorations : Djavid Pacha, vali de S…, époux divorcé de madame Ange.

La dame de Salonique, en jupe grise et petit caraco, est beaucoup moins distinguée que madame Ange. À Paris, on la prendrait pour une lingère à la journée, voire pour une femme de ménage. Elle a une petite tête ridée comme une pomme d’hiver, des bandeaux plats, couleur de sel gris, et elle fume éternellement une cigarette. Ses yeux pétillants, pénétrants, suivent réellement la conversation française, que ses oreilles ne comprennent pas. C’est quelqu’un de pas ordinaire, la dame de Salonique ! Si je pouvais causer avec elle ! Mais depuis que j’habite la maison, nos entretiens se bornent à des témenas et à des gestes accompagnés de :