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ET DE RÉVOLUTION

créatrice, mais la couveuse, — fortifie encore cette conviction. Les sultans sont toujours fils d’esclaves circassiennes, et cela n’a aucune importance, le père seul transmettant la vie, disent les musulmans. Mais c’est une abomination qu’une vierge musulmane épouse un chrétien et lui donne une lignée chrétienne.

Le père de la jeune fille qui s’était fiancée à un Grec voulut punir le giaour trop audacieux et il alla, honnêtement, le dénoncer à la police. Les policiers, animés d’un esprit de justice, arrêtèrent le Grec, et la fiancée aussi. On les amena dans un corps de garde, et la foule, — les gens du quai, aux turbans de guenilles ! — s’ameuta brusquement autour du poste, en réclamant l’homme et la femme. Quelques officiers, présents à cette scène, n’intervinrent pas ou firent seulement semblant d’intervenir. Les deux malheureux enfermés, — trop mal enfermés, — dans le poste, entendaient les cris féroces et voyaient faiblir la résistance de leurs gardiens… Les portes furent forcées… L’homme fut tué assez vite. La femme mit cinq heures à mourir.