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PREMIERS JOURS

le mouvement continu multiplie les courants d’air, nous attendons les cartes qui nous permettront d’entrer à Yldiz, demain.

Il y a, dans notre groupe, trois vrais journalistes. Les autres se sont attribués indûment cette qualité, même le représentant de la compagnie d’automobiles et sa femme.

Petite supercherie, bien innocente… Nous attendons. Un officier apporte les cartes, M. Paul Belon me dit :

— Voulez-vous remercier Chefket Pacha ? Il ne faut pas quitter la Turquie sans avoir vu Chefket Pacha, l’âme de la révolution, le maître de l’heure ?

Le « maître de l’heure » consent à nous recevoir tout de suite.

Pertev Pacha, un officier jeune encore malgré ses cheveux gris, très élégant, très parisien, nous introduit dans une vaste pièce, inondée de jour par plusieurs fenêtres, drapée de tentures rouges, meublée de tables et de fauteuils vaguement Louis XV, trop dorés. Des officiers d’état-major sont là, tous debout, et le général