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D’UN NOUVEAU RÈGNE

tion », avec cette ferveur religieuse que j’ai constatée chez les jeunes femmes turques, et je devine en elle l’orgueil de race, la confiance en soi, toujours généreuse et parfois imprudente, et cette ardeur du sacrifice à l’idée, à la cause, qu’on trouve chez les jeunes révolutionnaires russes. Mais il ne faut pas les comparer trop étroitement. Les étudiantes qui fréquentent nos hôpitaux sont des humanitaires chimériques qui oublient leur origine, leur rang social, leur famille, leur sexe même. Mademoiselle Sélika est très femme, très jeune fille, et elle n’a pas négligé de choisir un voile à dentelle et un ruban d’un joli rose pour ses cheveux. Elle n’est pas mystique, peut-être un peu romanesque, contente de tenir un beau rôle et sensible aux éloges qu’elle reçoit.

Elle reprend :

— Quand les soldats de Salonique sont venus nous sauver, j’ai pensé : « Les Européennes, et même les Grecques et Arméniennes, vont aider les médecins. Et pas une Turque n’ira ?… Eh bien ! moi, j’irai… » Ma mère m’a laissée