aussi : à peine seize ans. Je ne la vois pas dans une salle d’opérations ; je ne la vois pas au chevet d’un mourant… Première impression, trompeuse et fugitive ! Dès que mademoiselle Sélika m’a parlé, — dans un français fort convenable, — j’ai senti en elle une intelligence très fine, une rare énergie, l’enthousiasme, la passion, la foi qui créent les héroïnes.
Car c’est une héroïne d’un genre tout nouveau en Turquie, cette jeune fille qui est sortie du harem pour venir, à l’hôpital, soigner les blessés et les malades.
— Mon père — dit-elle — était Osman Pacha, un général mort au Yémen, en combattant les Arabes révoltés. C’est le Sultan qui l’avait envoyé là-bas, pour qu’il y meure… Et je suis née au Yémen. Mon père était un honnête homme, un grand patriote. Il a voulu que je sois instruite, et c’est à cause de lui que j’ai appris à détester la tyrannie, à aimer la liberté, la Constitution.
Elle prononce ces mots « Liberté, Constitu-