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D’UN NOUVEAU RÈGNE

un repas de poupées. Dans l’une, il y a des morceaux de mouton, gros comme des noisettes, et ça constitue le plat de résistance, le kebab ; dans l’autre, il y a des artichauts cuits à l’huile, du thym haché dans la troisième, et, dans la quatrième, des échalotes que nous repoussons avec horreur. Du pain rassis, de l’eau claire ; et pour dessert du yahourt, ce lait aigri par le fameux ferment bulgare, cher à M. Metchnikoff…

M. Bareille, âme angélique, déclare le festin succulent. M. Belon paraît ne pas estimer le kebab, et se méfier du yahourt… J’affirme que ce mets, hygiénique entre tous, panacée contre mille maux, doit être excellent avec du sucre. Et l’on apporte du sucre en poudre… Un chat se caresse à ma robe ; le vieux rempailleur sourit ; la glycine verse l’ombre flottante de ses grappes mauves, et la suavité insensible de son parfum. Le soleil est tiède et le bleu du ciel semble descendre dans l’humble petit jardin, se dissoudre dans l’air embaumé, baigner nos yeux, couler dans nos veines en langueur douce.