perche : aux deux bouts de la perche pendillent des foies, des cœurs, des poumons d’agneaux, des choses flasques et sanguinolentes.
Et qu’ils ont l’air malgracieux, sinon hostiles, ces gens de Kassim-Pacha ! Je n’oserais me promener seule, ici, malgré la proximité de la ville franque. Est-ce les pendaisons du matin et l’indiscrétion des photographes qui ont mis cette population de si mauvaise humeur ? Pourtant, il n’y a pas que des Musulmans, dans ce faubourg : les Grecs et les Arméniens, les Juifs même y sont très nombreux.
Elle est presque déserte, à cette heure, la place sinistre. Derrière la caserne jaune, monte, à pic, la colline des cyprès, vers les maisons modern-style de Fera. À droite, d’humbles petits cafés, avec leurs treilles, leurs tables, leur clientèle de pauvres gens qui fument leur narghilé, ou commentent, à voix très basse, un journal. Au bord de l’eau, des barques, des caïques pointus, pressés comme des babouches, trois vaisseaux rouillés, abandonnés,