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PREMIERS JOURS

la corde enserrant la nuque et le menton. Le poids du corps avait disloqué les vertèbres et démesurément allongé le cou… En outre, les cadavres furent enterrés dans un lieu vague, sans prières, sans cercueil, pas même lavés, ce qui constitue un prolongement du supplice, car les âmes sorties des corps non lavés et non ensevelis ont de terribles ennuis dans l’autre monde.

Les pendus de ce matin furent soustraits aux regards, bien avant midi, et dorment en paix entre quatre planches. On a lavé leurs pauvres corps. Seule, la stèle funèbre, avec son turban de pierre et ses épitaphes d’or, leur fut déniée. Enfin, les bourreaux, plus adroits, ont abrégé leur agonie. Mais l’un des condamnés, peut-être méfiant, et d’ailleurs tout à fait paisible, avait décliné les soins de ces fonctionnaires…

— Laissez, dit-il en montant sur l’escabeau. Je préfère me pendre moi-même…

Et il fit comme il avait dit.