Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
231
D’UN NOUVEAU RÈGNE

Pacha, protesta violemment contre la curiosité inconvenante des étrangers. Elle s’ameuta tout à fait quand des photographes s’installèrent devant les potences et tous les appareils photographiques furent brisés. Un de mes amis, qui parle et comprend le turc, affirmait que ces exécutions répétées terrorisent la foule, mais que le sentiment fanatique subsiste. Des gens plaignaient les pendus : « Pauvres sacrifiés ! pauvres martyrs ! » Seulement, ils les plaignaient prudemment, à voix très basse, car les cours martiales et Chefket Pacha inspirent une grande crainte.

Les premiers pendus, ceux du 3 mai, avaient beaucoup occupé la presse. Tous les journalistes les avaient décrits. Tout Constantinople les avait contemplés, pierrots funèbres en souquenille blanche, exposés jusqu’à cinq heures de l’après-midi. On avait même remarqué que les bourreaux, trop inexpérimentés ou trop émus, avaient mal fait leur office, et que certains des suppliciés étaient morts, non pas étranglés, mais désarticulés, la boucle de