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D’UN NOUVEAU RÈGNE

tous les cinq ou six mètres, doit stationner. Il est quatre heures. L’air brûle. Nous mourons de soif. Les grandes carafes des limonadiers, — rubis et topazes — bouchées d’un citron d’or, excitent notre convoitise aiguë. À cinq heures et demie, nous atteignons à peine le pont, après avoir traîné beaucoup de Turcs à l’arrière de la voiture, malgré les hurlements du représentant de la Compagnie. Et quand nous remontons la pente raide de Péra, je découvre encore un négrillon presque nu, blotti sur le marchepied, comme un singe, qui a échappé aux investigations de l’homme terrible et qui me regarde avec des yeux blancs, et tout bas supplie :

— Dix paras, madamiselle, dix paras !…


12 mai.

Ce matin, la femme de chambre arménienne est venue me réveiller un peu plus tôt qu’il n’était convenu. Et elle m’a dit, avec un doux sourire :