Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.
226
PREMIERS JOURS

soldats, rien que des soldats, artilleurs, dragons, fantassins qui lancent la jambe à la prussienne. Il en passe des centaines et des milliers. Les applaudissements ininterrompus redoublent quand apparaissent, sur des chevaux magnifiques, Enver bey et Niazi bey, « héros de la liberté », et Chefket Pacha, le conquérant de Constantinople… Et voici enfin la voiture du Sultan, traînée par des bêtes blanches aux queues somptueuses, encadrée par les petits élèves de Pancaldi, dont le très simple uniforme brun contraste avec les vives couleurs des lanciers de la garde. Dans une tempête de cris, la voiture impériale s’arrête, tout près de nous, et le Sultan, en tenue de général, se lève. Il fait des signes… Il parle. Il veut descendre, au mépris du protocole… Ses yeux bleu pâle, un peu somnolents dans sa bonne figure, s’éclairent de plaisir. Il regarde ses fils qui l’acclament, à la fenêtre du pavillon. Je n’ose assurer qu’il regarde ses filles et ses parentes. Mais retenu par sa grandeur, il se résigne à se rasseoir, et il s’en va passer