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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

leurs esclaves… Elles vivent à peu près comme nos petites bourgeoises de province, avec cette différence qu’elles portent une voilette inamovible et ne reçoivent pas les amis de leurs maris. Mais elles s’invitent entre elles, combinent des mariages, colportent des nouvelles, voient tout et tous sans être vues. Elles connaissent très bien Marguerite, son mari, sa jolie petite fille… Et elles ne s’ennuient pas, bien qu’elles soient assez ignorantes et ne lisent guère que le journal…

— Pas de romans traduits ?

La bru se récrie. Non ! son mari ne lui permet pas de lire les livres « où l’amour est écrit ». Il ne veut pas qu’elle sache « comment les autres hommes aiment »…

La dame invitée, qui est une personne de bon sens, et très distinguée, malgré ses mains teintes au henné, en rouge orange, exprime une vive horreur pour les nouveautés en matière de mœurs, et de religion.

Que chacune vive selon sa foi, les chrétiennes selon la loi de Jésus, les juives selon la loi