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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

— La polygamie est faite pour les barbares. Moi, je suis un civilisé.

Pourtant, ne croyez pas que les maris turcs soient pires que les autres maris. Tout est relatif. Ils aiment leurs femmes, ils aiment surtout leurs enfants. L’épouse obéissante, élevée dans une famille pieuse, instruite à l’école que je vous ai décrite, accepte le sort que lui font la religion et les mœurs. Elle épouse sans répugnance le monsieur que ses parents lui ont choisi pour maître et protecteur. S’il est bon, elle est toute disposée à l’aimer. S’il est dur et injuste, elle est malheureuse. Mais n’y a-t-il pas, en France, des femmes mal mariées, des unions bâclées, des surprises déplaisantes après les noces ?

— Et les « désenchantées », me dites-vous ?… Elles existent pourtant !

Mes amis, nous sommes en province. Il n’y a pas de désenchantées à Andrinople… Nous verrons, plus tard, à Stamboul… Ici les musulmanes sont satisfaites ou résignées. Elles ne se plaignent pas. Si elles sont malheureuses,