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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

de faubourg ou sur les pelouses de Vincennes… Je l’imagine très bien, avec un fiancé en paletot et chapeau rond, flanquée d’une mère à capote de jais, et d’un garçon d’honneur loustic… Mais elle a, cette mariée turque, qu’on devine pauvre — ses mains sont abîmées par le travail ! — elle a un diadème de diamants sur les cheveux, un collier de diamants sur la poitrine et des rosaces de diamants collées sur les joues !

Les invitées, aussi, resplendissent de joailleries. Et Marika m’explique que c’est la coutume de louer des bijoux pour ces trois jours des fêtes nuptiales. Cependant, dit-elle, des femmes de très humble condition possèdent quelquefois des perles magnifiques, héritage et patrimoine de famille qu’on ne vend jamais. Les deux vieilles personnes qui sont assises derrière nous n’ont pas dû louer leurs boucles d’oreilles, ces délicates girandoles de diamants qui brillent au bord de leur serre-tête noir. Tandis que les belles-sœurs et amies de la mariée — quatre ou cinq jeunes femmes