La Proserpine me demande :
— Pourquoi n’as-tu pas des habits brodés, comme nous ? Tu ne sais donc pas travailler avec l’aiguille.
— Non, je ne sais pas.
— Alors, à quoi es-tu bonne ?
À quoi suis-je bonne, en effet ? Une femme si petite, si frêle, qui ne brode pas, qui serait tout de suite fatiguée s’il lui fallait remuer la terre ou bâtir des huttes !
Elle me considère avec une gentille pitié, un peu moqueuse.
— Tes mains ne ressemblent pas à mes mains : elles sont blanches et pointues, elles ne peuvent pas faire le même ouvrage…
Pleine d’indulgence et aussi de curiosité, Proserpine va chercher une jaquette de drap rouge, inachevée — son propre ouvrage — et m’invite à l’essayer. Complaisamment, j’enlève mon manteau qui est taillé dans une robe chinoise de soie écrue, brodée de fleurs bleues, et garnie de baguettes en satin noir. Proserpine, aussitôt, s’en empare et enfile les larges manches,