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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

nous avons la liberté, maintenant… Alors, nous espérons qu’on nous laissera nous instruire, et que vous nous trouverez bien différentes, si vous revenez à Andrinople, dans quelques années.

— Vous vous réjouissez d’avoir la liberté ! Pourquoi ? Vous voudriez poser le voile, sortir à votre gré, comme les Européennes ?

Elle répond, avec une dignité touchante :

— Non… pas ça… Nous voulons ce que la religion permet, et elle ne nous oblige pas à l’ignorance… Nous voulons devenir des femmes meilleures, bien élever nos enfants pour le pays, pour la pauvre Turquie…

Ainsi, le patriotisme est le premier sentiment social qui se développe chez ces demi-recluses.

Je demande encore :

— Vos élèves ne redoutent-elles pas le moment où elles prendront le tcharchaf ?

— Elles ?… Si on les écoutait, on les voilerait à neuf ans… Elles sont impatientes de paraître femmes… bonnes à marier…