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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

chrétienne et la décence ne s’y opposaient pas. »

Ainsi parla, pour notre plaisir, le père higoumène, avec une belle humeur que mon récit n’exprime pas, et que rendait plus savoureuse le joyeux accent de Marseille…

Et pendant qu’il parlait, je me représentais le petit couvent perdu dans les collines, surveillé par les voisins quelquefois malveillants, bloqué l’hiver par les neiges… Aucune douceur, aucun bien-être, aucun réconfort intellectuel… Quelle vie, pour un homme intelligent et cultivé !… Et pourtant, s’il avoue des mélancolies passagères, le père higoumène n’est pas triste. Il ne doit pas l’être. La gaieté est une force, une vertu, presque une vertu guerrière, et tout bon missionnaire est un soldat…

Au crépuscule, nous sommes sortis, pour voir la ville que j’ai seulement aperçue de nos fenêtres.

Si je me suis plainte du pavé de Stamboul, que dirai-je du pavé d’Andrinople ?… Nous