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CHOSES ET GENS DE PROVINCE


Andrinople, 29 avril.

Cette maison de bois, en plein quartier turc, cette maison qu’habitaient naguère un pacha rébarbatif et sa mystérieuse épouse, c’est pour moi le foyer familial et un coin de patrie retrouvée.

Sous la véranda qui prolonge le salon, nous sommes assis après déjeuner. L’odeur du café se mêle au parfum opiacé des cigarettes, et mes hôtes et leurs amis m’expliquent la Turquie nouvelle où je vais vivre quelques jours parmi eux.

Devant nous, un bel arbre vert et blanc couvre le petit jardin de ses fleurs et de ses feuilles ; et d’autres jardins blancs et verts se confondent en un seul verger immense. Hors de ces fraîches verdures et de ces fleurs, surgissent des toits de brique brunie, des coupoles pâles, des minarets que les pigeons sauvages prennent pour colombiers et que surmonte