Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
CHOSES ET GENS DE PROVINCE

a produit un grand effet. Nous entendons des clameurs d’admiration…

Pavlo-Keuy. Un arrêt. La gare, si petite, a des lampions et des drapeaux. Une foule énorme — quinze ou vingt personnes ! — guette le passage de l’express qui stationne quelques minutes. Attirés par l’éclairage intense du wagon-restaurant, les curieux voudraient bien regarder à travers les vitres. Nous descendons. Ils s’approchent… Des bergers encore ! Leur front farouche est ceint de turbans noirs, largement drapés, qui retombent de côté sur l’épaule. Ils tiennent de grandes houlettes, comme on en voit dans les bas-reliefs antiques. Leurs yeux, leurs dents brillent dans la nuit… Ils sont très nobles, de visage et d’allure, avec leurs coiffures funèbres, et l’on dirait les pasteurs des morts, les gardiens des ombres…

Une intense curiosité les pousse vers nous… Ils murmurent :

— Stamboul ?…

Alors, M. Sarrien essaie de leur faire com-