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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

douaniers de toutes couleurs et de toutes langues…

Tant qu’il est en pays ottoman, il va cahin-caha, avec une modération bien orientale ; il fait, sans raison apparente, mille détours dans la plaine de Thrace, et semble aspirer à revenir en arrière, vers Stamboul. C’est le baron de Hirsch qui a construit la ligne paradoxale où le train dessine à plaisir des méandres, des boucles, des demi-cercles. Vingt-trois kilomètres à l’heure !… C’est charmant… On a le temps de voir et de revoir les paysages ; mais partis de Sirkedji à trois heures, nous serons à Andrinople après onze heures du soir.

Nous avons franchi les faubourgs de Stamboul, Yédi-Koulé, Psammatia aux maisons sordides, aux vieilles tours démantelées et croulantes parmi les glycines et les figuiers. Une lumière blanche, radieuse, une pluie de flamme argentée, incendie le château des Sept-Tours, forteresse moyenâgeuse, où fusent des cyprès noirs. Ils envahissent la plaine, au delà des murailles, ces cyprès décharnés, ascétiques,