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JOURS DE BATAILLE

détails curieux sur sa vie intime pendant ses derniers jours de règne, et les circonstances lamentables de sa chute.

Depuis que la victoire des libéraux semblait assurée, les courtisans, les fonctionnaires, les domestiques, avaient abandonné Yldiz. Quand l’armée de Macédoine approcha, les femmes du harem impérial crurent qu’elles seraient livrées à des ogres dont elles ignoraient tout, la veille encore, — et qu’on appelait Jeunes-Turcs. Certaines d’être violées, torturées et tuées par les diables de Roumélie, elles poussaient des cris terribles que l’on entendait, la nuit, jusqu’à Béchiktache… Les gardiens des ménageries, prudents comme des ministres réactionnaires, s’étaient mis en sûreté, ainsi que les seigneurs des cuisines. Bêtes et gens, et Sa Majesté même, risquaient un jeûne sévère, plus sévère qu’en plein Ramadan… Quelques serviteurs fidèles s’avisaient pourtant de prévenir les perquisitions et les confiscations possibles, et commençaient un laborieux emballage que la défaite de la garnison interrompit…