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ET DE RÉVOLUTION

nus les soutiens de l’ordre et des lois ! À ces cousins de vos Klephtes, vous prêtiez des costumes éclatants, de longs fusils, des pistolets damasquinés, et des « profils d’aigle »… Ô romantiques, ce n’est plus ça, plus du tout ! Mais la réalité d’aujourd’hui, si différente de vos imaginations, conserve le caractère héroïque. Le porte-drapeau, tout jeune, est un admirable garçon aux yeux bleus, aux moustaches blondes dans un teint bruni par le soleil. Ses boucles de pâtre grec foisonnent autour de la calotte en feutre brodée de jaune. Il porte un uniforme fantaisiste d’un bleu passé, des jambières blanches lacées par des courroies et des sandales pointues. Derrière lui, marche un sexagénaire à grande barbe, qui a deux cartouchières croisées sur la poitrine, deux pistolets à la ceinture, un couteau pendant à l’épaule, un fusil, et un étrange sabre recourbé. Et d’autres suivent, gens de cinquante ans, de trente ans, de vingt ans, hommes mûrs et jeunes hommes, et même un gamin de quatorze ans, qui n’est pas le