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m’aient empêché de vous écrire… On sait que, dans les tranchées, toute la France guerrière écrit abondamment… Non, je ne cherche pas à m’excuser. L’homme que je suis ne peut pas mentir à la femme que vous êtes. Il n’est de beauté que dans la vérité, dans la probité du cœur et de l’esprit. Être soi, oser être soi ! Laurence, je l’avoue humblement aujourd’hui : mon silence fut volontaire. J’ai fait l’impossible pour vous oublier, mais, si nous étions en face l’un de l’autre, vous auriez la certitude immédiate que je n’y ai pas réussi…

» Vous me répondez :

» — Cette constatation me laisserait indifférente. Lorsqu’il vous plaît de rompre le silence, il se trouve que j’ai réussi, moi, à vous oublier. Vous avez démenti l’amitié que vous affirmiez unique dans votre vie et qui devait résister à tout. J’ignore quel fut le mobile de votre défection, et il m’importe peu, aujourd’hui, de le connaître. Suivons chacun notre route, et bonne chance ! Rien de vous ne m’intéresse plus… »